Du risque de perdre la tête.
L'infolettre Ces temps-ci pour la semaine du 3 novembre 2025.
Il était une fois, les états généraux français. Vous savez, ceux de 1789 où un Louis XVI encore muni d’une tête a réuni la Noblesse, le Clergé et le Tiers État afin d’établir l’avenir du fonctionnement politique du pays du coq. Longue histoire courte, c’est lors de cette assemblée que la France se dota de sa première constitution. Mais au-delà de ce texte législatif qui n’a pas survécu bien longtemps à cause d’une bande d’excités qui voulaient changer littéralement tout, du système politique au calendrier en passant par la biologie humaine (avec l’idée saugrenue qu’une tête devrait joncher le sol et non être perchée au-dessus des épaules), une chose a bel et bien survécu jusqu’à nos jours : le clivage gauche-droite.
En gros, la genèse du clivage va comme suit :
« Alors qu’on discute des pouvoirs respectifs du roi et des représentants de la Nation, pour compter les voix plus facilement, on demande au député de se ranger d’un côté ou de l’autre du président de l’assemblée. À sa gauche ceux qui veulent plus de pouvoir pour les députés, à sa droite ceux qui veulent plus de pouvoir pour le roi. Ce placement s’installe définitivement avec le temps. »
Nait alors l’idée d’une gauche davantage progressiste, et d’une droite davantage conservatrice, à l’époque donc voulant raffermir le pouvoir traditionnel de la royauté.
Évolution dans le temps jusqu’à aujourd’hui
Mais bien des têtes sont tombées sur la place de l’Hôtel de ville depuis, résultat de gens qui ont pris le clivage de l’époque un peu trop à cœur.
De nos jours, au Québec, « on peut dire que la gauche prône un État fort qui intervient dans l’économie pour redistribuer la richesse, tandis que la droite favorise le libéralisme et le laisser-faire économique. »
Selon le professeur Éric Montigny, directeur scientifique de la Chaire de recherche sur la démocratie et les institutions parlementaires de l’Université Laval cité par La Presse,
« ce qui définit la gauche et la droite au Québec est simple : la place de l’État. À gauche, on veut plus d’État – et généralement plus d’impôts et de taxes pour en financer les dépenses. À droite, on veut moins d’État, en laissant plus d’argent dans les poches des citoyens pour qu’ils puissent le dépenser à leur guise. »
Cela peut être visible à tous les ordres de gouvernement, que ce soit au fédéral, au provincial, et même au municipal, où ce clivage se manifeste de manière un peu différente ceci dit.
Maxime Pednaud-Jobin, ancien maire de Gatineau et actuel directeur général d’un doublon du Musée de la Civilisation de Québec, décrie le clivage comme suit dans son essai Libérer les villes. Pour une réforme du monde municipal (p.50) : il y aurait d’un côté les échevins, des notables de la société qui s’engagent en politique municipal pour être un intermédiaire entre la municipalité et les citoyens, défendant un rôle traditionnel des politiciens municipaux. De l’autre, il y aurait les conseillers municipaux qui sont des citoyens engagés qui défendent une vision politique et qui agissent comme un réel politicien qui tente de convaincre les citoyens.
Être conscient de ses émotions
Tout ça nous amène à aujourd’hui (ou presque). Dimanche passé avait lieu les élections municipales partout au Québec. Sans divulguer mon emplacement sur le territoire, disons juste qu’il y avait une course intéressante dans ma localité et les enjeux l’étaient tout autant.
Au cours de la soirée électorale, une personne candidate à la mairie semblait assez en avance. Il se trouvait que c’était la candidate plus de « droite » dans le sens de conservatisme municipale : on ramasse les poubelles, on pave les rues et pour le reste, on coupe les taxes tant que possible. Il s’agit d’une option valide en soi, mais disons que ce n’est pas mon option de prédilection.
À un moment de la soirée électorale, j’ai ressenti quelque chose dans mon ventre. J’avais un inconfort émotif avec l’idée que ma municipalité pourrait être gérée pour les quatre prochaines années par un échevin, quelqu’un de la droite municipale. Mon inconfort n’était pas rationnel (je suis en désaccord rationnellement, mais inconfortable émotionnellement). Pour reprendre une formule de Will Prosper dans une lettre publiée dans Le Devoir, j’ai réagi émotivement au fait qu’on allait retarder le présent pendant quatre ans.
Ça m’a rappelé un texte que j’avais lu dans le 20 Minutes il y a environ un an. L’article rapportait les propos de Robert Zuili, psychologue clinicien spécialiste des émotions et des relations, en ce qui a trait aux difficultés de relations interpersonnelles entre les gens de gauche et de droite (ce n’est pas le sujet du présent texte).
« Que ce soit “sur le plan émotionnel et politique, il y a le même clivage : quand on parle d’émotions, à droite, il y a tous les mécanismes liés à la peur, qui se traduisent notamment par le fait d’éviter certaines choses ou d’être dans l’autodéfense. Et en politique, sur le plan idéologique, les ressorts émotionnels de la peur sont utilisés généralement par la droite et particulièrement par l’extrême droite, qui utilise des ressorts émotionnels liés à la peur, où l’étranger représente une menace qui peut remettre en question l’identité nationale”».
De l’autre côté de l’échiquier émotionnel comme politique,
« à gauche et même à l’extrême gauche, on est dans une logique de contestation, de révolution, c’est l’axe de la colère, où les ressorts émotionnels sont différents : la quête de justice, la lutte contre les disparités, la revendication de l’égalité pour tous, détaille-t-il. On est dans d’autres valeurs ».
L’expert affirme que « nos émotions façonnent notre rapport au monde. »
En effet, être de gauche ou être de droite, ce n’est pas complètement rationnel. C’est beaucoup, aussi, émotif.
Et c’est là-dessus que je voudrais conclure mon édito cette semaine. Il est important d’avoir du recul sur comment la politique et les enjeux sociaux nous font réagir émotionnellement, puisque quand nous nous laissons emporter par la peur ou la colère, dépendant de nos valeurs et nos prédispositions idéologiques, on risque tous, à la fin, de perdre la tête.
Et qui sait, d’élire un bonhomme orange dément ou un moustachu paranoïaque, à nos risques et périls.
Revue de presse
Politique provinciale
Loi 2 sur les médecins: Duranceau s’avance, puis se rétracte au sujet de primes. La Presse. (Accéder à l’article)
« La présidente du Conseil du trésor, France-Élaine Duranceau, a dû refermer la porte qu’elle avait ouverte, jeudi, à un éventuel changement de position du gouvernement à l’égard des médecins. »
Loi 2 sur la rémunération des médecins: Québec jette du lest sur deux mesures controversées. La Presse. (Accéder à l’article)
« Le gouvernement Legault tend la main aux fédérations médicales pour dénouer la crise provoquée par la loi 2. Il fait un premier pas et jette du lest sur deux mesures controversées de sa réforme. Un geste que les omnipraticiens estiment insuffisant. »
Planification 2026-2029: Québec prévoit accueillir 45 000 immigrants permanents par année. La Presse. (Accéder à l’article)
« Le gouvernement Legault a tranché : le Québec accueillera 45 000 immigrants permanents par année de 2026 à 2029. Cette baisse, comparativement à la situation actuelle, demeure le seuil le plus élevé des différents scénarios qui étaient à l’étude. Les caquistes mettent aussi fin au très populaire Programme de l’expérience québécoise (PEQ), suspendu depuis plus d’un an, dont le retour était réclamé par le milieu des affaires et le monde universitaire. »
Le Fonds vert ne paierait pas le 3e lien, mais pourrait permettre de baisser la taxe sur l’essence. Le Devoir. (Accéder à l’article)
« Le gouvernement a déposé mercredi un projet de loi qui permet de rediriger le surplus de 1,8 milliard de ce fonds. »
La campagne publicitaire de la CAQ indigne les oppositions. Le Droit. (Accéder à l’article)
« “Gaspillage”, “honteux”, “partisane”: les qualificatifs étaient durs envers la campagne de plus d’un demi million de dollars du gouvernement caquiste dans la foulée de la loi sur la rémunération des médecins ont été décriées mercredi à l’Assemblée nationale. »
Politique fédérale
*Grosse semaine de budget, donc cette section est un peu plus longue que d’habitude!
Budget fédéral: Cinq milliards pour construire des hôpitaux. La Presse. (Accéder à l’article)
« Le gouvernement Carney annoncera dans le budget qui sera déposé ce mardi un fonds de 5 milliards de dollars qui sera mis à la disposition des provinces et des territoires afin de construire des hôpitaux, des cliniques et autres bâtiments liés à la prestation de soins de santé, a appris La Presse. »
Ottawa aura un déficit de 78,3 milliards et tourne le dos à l’équilibre budgétaire. Le Droit. (Accéder à l’article)
« Le déficit fédéral atteindra 78,3 milliards, révèle le gouvernement de Mark Carney dans son tout premier budget déposé mardi. »
Le conservateur Chris d’Entremont joindra les rangs libéraux. Le Droit. (Accéder à l’article)
« Le député néo-écossais Chris d’Entremont, qui vient de quitter le caucus conservateur, joindra les rangs des libéraux. »
Millions versés à Radio-Canada: le Bloc accuse Ottawa d’ignorer les médias privés. Le Droit. (Accéder à l’article)
« Le ministre fédéral de la Culture, Steven Guilbeault, a rejeté les critiques du Bloc québécois concernant la généreuse enveloppe de 150 millions de dollars versée au diffuseur public CBC/Radio-Canada, à laquelle le parti d’opposition souhaite ajouter des conditions. »
Élections fédérales: La candidate bloquiste dans Terrebonne porte sa cause devant la Cour suprême. La Presse. (Accéder à l’article)
« L’ex-députée bloquiste Nathalie Sinclair-Desgagné compte se “battre jusqu’au bout”. Elle fait désormais appel à la Cour suprême dans l’espoir d’obtenir la reprise du scrutin dans Terrebonne après avoir perdu par une seule voix. La Cour supérieure avait maintenu ce résultat la semaine dernière, malgré des irrégularités qui avaient potentiellement coûté la victoire à l’ancienne élue. »
BUDGET | 40 000 fonctionnaires fédéraux en moins. Le Droit. (Accéder à l’article)
« Rêvant d’un gouvernement “plus efficace et efficient”, Ottawa entame sa réduction de la fonction publique fédérale et annonce la suppression de 40 000 postes de fonctionnaires. »
Le Canada et les Philippines concluent un accord de défense. Radio-Canada. (Accéder à l’article)
« Le Canada et les Philippines ont conclu dimanche un accord de défense visant à accroître les exercices militaires pour dissuader des agresseurs. »
Le Canada entame un processus de résolution des différends contre Stellantis. Radio-Canada. (Accéder à l’article)
« Ottawa lance un processus de résolution des différends contre Stellantis pour avoir délocalisé la production de véhicules de Brampton hors du pays. »
Un budget pour le futur, mais qui oublie l’avenir climatique. Radio-Canada. (Accéder à l’article)
« Les efforts pour que les futures générations vivent dans un environnement sain et durable sont bien modestes. »
Budget fédéral: Les six clés pour comprendre. La Presse. (Accéder à l’article)
« Le ministre des Finances, François-Philippe Champagne, a déposé mardi le premier budget du gouvernement Carney. Voici six clés pour comprendre le budget fédéral 2025. »
«La francophonie n’est plus l’une des priorités du gouvernement». Le Droit. (Accéder à l’article)
« Le premier budget du gouvernement Carney mise sur la rigueur et la maîtrise des dépenses, tout en maintenant quelques investissements ciblés. Mais pour plusieurs organismes francophones, il manque de mesures concrètes quant à l’avenir des services en français. »
TGV Québec-Toronto: le début des travaux se concrétise pour 2030. Le Droit. (Accéder à l’article)
« Le gouvernement de Mark Carney légiférera pour accélérer la construction du service de train à grande vitesse (TGV) entre Québec et Toronto à partir de 2030. »
Budget fédéral: Les libéraux survivent à un premier vote de confiance. La Presse. (Accéder à l’article)
« Le gouvernement de Mark Carney est toujours en vie. Les libéraux ont pu compter sur le Nouveau Parti démocratique, le Bloc québécois et le Parti vert jeudi soir pour survivre à un premier vote de confiance en lien avec le budget déposé plus tôt cette semaine. »
Nouveau coup dur pour Poilievre: Un député conservateur démissionne. La Presse. (Accéder à l’article)
« Le député conservateur d’Edmonton Riverband Matt Jeneroux a annoncé jeudi soir sa démission. »
Budget fédéral: Les libéraux survivent à un autre vote de confiance. La Presse. (Accéder à l’article)
« Pour la deuxième journée consécutive, le gouvernement de Mark Carney a survécu à un vote de confiance qu’il s’était lui-même imposé. »
Carney confirme qu’un projet d’oléoduc va être mené à terme au Canada. (Accéder à l'article)
« Le premier ministre Mark Carney a quasiment annoncé vendredi qu’il obtiendrait un nouvel oléoduc pour l’Alberta, apportant ainsi son soutien le plus ferme jusqu’à présent à ce projet. »
Politique internationale
Elections aux Pays-Bas : le dirigeant d’extrême droite Geert Wilders reconnaît sa défaite, Rob Jetten lance les négociations en vue d’une coalition. Le Monde. (Accéder à l’article)
« Le nouveau premier ministre centriste a désigné, mardi, un “éclaireur” pour sonder les différents partis avant de véritables négociations pour former une coalition. »
L’accès des journalistes restreint au bureau de presse de la Maison-Blanche. La Presse. (Accéder à l’article)
« La Maison-Blanche a annoncé vendredi restreindre l’accès des journalistes à une partie du bureau de presse de l’exécutif américain, sur fond de tensions entre les grands médias et l’administration du président Donald Trump. »
Le Conseil de sécurité de l’ONU lève ses sanctions contre le président syrien, Ahmed Al-Charaa. Le Monde. (Accéder à l’article)
« Une résolution préparée par les Etats-Unis enlève le nom de l’ancien leader du HTC de la liste des sanctions visant les individus et groupes liés à l’organisation Etat islamique et à Al-Qaida, soumis à une interdiction de voyage, un gel des avoirs et un embargo sur les armes. »
Le Pérou déclare la présidente du Mexique, Claudia Sheinbaum, persona non grata. Le Monde. (Accéder à l’article)
« Le Parlement péruvien reproche à la présidente mexicaine l’asile qu’elle a accordé à l’ancienne première ministre péruvienne Betssy Chavez, poursuivie pour coup d’Etat. »
Émissions planétaires de GES: Donald Trump efface les (maigres) progrès du monde. La Presse. (Accéder à l’article)
« Les émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES) commenceront bientôt à diminuer, ce qui réduira la hausse de la température planétaire, montre un rapport des Nations unies. Mais le retrait des États-Unis de l’Accord de Paris sur le climat effacera une bonne partie de ce gain. »
Merci et bonne journée !
Monsieur Plam



